D’ici 2050, la France ne suivra pas la tendance de l’Union européenne : grâce à un solde naturel positif et à un excédent migratoire, sa population ne diminuera pas mais augmentera de 67 à 69 millions d’habitants. Elle devra toutefois affronter un autre problème de société : le vieillissement démographique.

Une population vieillissante 

C’est un fait : la part des seniors dans la population française est en hausse, en particulier depuis 2011 ‒ année où la première génération nombreuse du baby-boom (née un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale) a atteint 65 ans. Aujourd’hui, environ 20 % des Français et des Françaises sont âgé(e)s de 65 ans ou plus. Et, grâce à l’amélioration de l’espérance de vie, ce pourcentage est destiné à augmenter au fil des ans, jusqu’à frôler le seuil des 30 % en 2070. Selon les projections officielles, en 2030, pour la première fois, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans. Un tel choc démographique aura bien sûr des répercussions dans les sphères politique, économique et sociale.

Une nouvelle législation

Des changements seront nécessaires, pour prendre en compte ces nouveaux citoyens seniors. Le gouvernement français l’a bien compris et, dès 2015, a promulgué une loi sur l’adaptation de la société au vieillissement. Celle-ci donne la priorité à l’accompagnement à domicile, afin que les personnes âgées puissent vieillir chez elles dans de bonnes conditions. Elle s’appuie sur trois piliers :
- l’amélioration de la prise en charge des personnes âgées dépendantes, avec l’augmentation des allocations pour couvrir les frais de l’aide à domicile ;
- la prévention de la perte d’autonomie avec, en faveur des personnes les plus modestes, une aide financière pour aménager leur lieu de vie et pour se doter d’accessoires technologiques qui puissent les aider au quotidien ;
- l’adaptation et la sécurisation des espaces publics (bâtiments, trottoirs, mobilier urbain, etc.) pour les rendre plus accessibles aux seniors.

La naissance de la silver économie

Ces trois piliers se retrouvent aussi dans un nouveau secteur économique : la silver économie. Sous ce nom se cachent les produits et services à destination des seniors, pour améliorer leur qualité de vie, garantir leur autonomie ou même allonger leur espérance de vie. Cette filière industrielle en plein essor regroupe de nombreux secteurs d’activité :
- la santé : soins à domicile, médecine à distance, nutrition, objets de santé connectés… ;
- la sécurité et l’autonomie : téléassistance, robots, détecteurs… ;
- l’habitat : logements adaptés, domotique… ;
- les services : services à la personne, aide ménagère… ;
- les loisirs : tourisme, sport, jeux… ;
- la communication : téléphones mobiles, tablettes… ;
- les transports : aides à la mobilité, bus adaptés…
Chaque année, dans le cadre du Festival SilverEco, les meilleures innovations de chaque secteur sont récompensées. Par exemple, en 2022, la start-up Feetme a reçu un prix pour son projet de semelles connectées, qui peut d’une part prévenir les pertes d’équilibre (en collectant des données sur la qualité de la marche de la personne qui les porte, à faire analyser par un podologue) et d’autre part alerter les proches en cas de chute.

Le développement des lieux partagés

Mais les innovations les plus utiles ne sont pas toutes numériques. Beaucoup d’entre elles visent à rompre l’isolement des personnes âgées. Le gouvernement français finance par exemple, depuis 2021, la création de tiers-lieux dans les EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Cela consiste à mettre les résidents âgés en contact avec des personnes extérieures à leur structure, pour permettre des interactions humaines chaleureuses et stimulantes. À Marseille, par exemple, l’EHPAD Les Jardins d’Haïti a intégré une crèche, des chambres d’étudiants, une salle de répétition pour une école de danse, un espace de coworking pour les télétravailleurs, un jardin partagé avec les habitants du quartier, et un restaurant gastronomique ouvert au public. Le directeur Laurent Boucraut cherche ainsi à rendre cet endroit non pas un « mouroir » mais une véritable « maison à vivre ».
Une chose est sûre : à l’avenir, face au vieillissement de la population, ce genre d’initiatives devront être multipliées pour mieux intégrer les personnes âgées à la société française.

(Margot Legrand)
(Crédits images: Pixabay)