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Tirailleurs, entre histoire et symbole

Le film Tirailleurs met en lumière un pan méconnu de l’histoire : celle des soldats africains enrôlés dans l’armée française pendant la Grande Guerre.

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Le synopsis

Le film Tirailleurs de Mathieu Vadepied, sorti au début du mois de janvier, raconte la Première Guerre mondiale d’un point de vue inédit : celui de deux Sénégalais enrôlés dans l’armée française, joués par Alassane Diong et Omar Sy. En 1917, en Afrique-Occidentale française (futur Sénégal), le jeune Thierno est recruté de force pour aller combattre sur le front des Ardennes, dans l’est de la France. Son père, Bakary, s’engage alors volontairement pour veiller sur lui et tenter de le protéger de l’horreur des tranchées et des champs de bataille. Le film narre ainsi la relation fictive entre un père et son fils, qui affrontent la guerre ensemble dans un pays inconnu dont ils ne maîtrisent pas la langue, et qui adoptent deux attitudes différentes : si Bakary ne songe qu’à déserter pour retourner dans son pays, Thierno veut prouver son courage et rentrer victorieux dans son village.

Le contexte historique

Dans l’imaginaire collectif, les Poilus de la Grande Guerre sont rarement associés aux soldats d’Afrique noire. Et pourtant, les troupes coloniales y ont pris part en masse, au sein des « tirailleurs sénégalais ». Ce corps d’armée a été créé par Napoléon III en 1857, avec l’objectif initial de maintenir l’ordre dans les territoires africains colonisés. Il est né au Sénégal, mais incluait en réalité des soldats de toute l’Afrique subsaharienne. Jusqu’à sa dissolution dans les années 1960, il a participé à toutes les guerres de la France : les batailles de la colonisation et de la décolonisation (Indochine, Madagascar, Algérie), mais aussi les deux conflits mondiaux. Ainsi, durant la Première Guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais ont été environ 200 000 à combattre sous le drapeau français, et 30 000 à perdre la vie.

Une hypothèse symbolique

Ces chiffres impressionnants sont à l’origine d’une l’hypothèse historique, auquel le film de Mathieu Vadepied fait allusion : et si le Soldat inconnu, qui a été inhumé sous l’Arc de Triomphe pour commémorer l’ensemble des soldats morts au front, était un tirailleur sénégalais ? Selon le réalisateur, cela est possible : en effet, le destin des tirailleurs a été peu documenté, et le Soldat inconnu a été sélectionné en 1920 parmi divers combattants non identifiés, enterrés sur les principaux lieux de bataille dans le nord et l’est de la France. Mais, au-delà de la vraisemblance historique, ce message est essentiellement symbolique : il veut participer à la réconciliation des mémoires entre la France et ses anciennes colonies. À ce propos, l’acteur Omar Sy a d’ailleurs déclaré : « On n’a pas la même mémoire, mais on a la même histoire ».

Des conséquences politiques

Ce message est d’autant plus important que la reconnaissance de la France envers les soldats africains n’a pas toujours été à la hauteur des attentes de ces derniers.
Si le dernier Poilu africain est décédé en 1998, il y a encore une poignée de tirailleurs en vie en Afrique subsaharienne. Et, pendant longtemps, ceux-ci ont touché une retraite inférieure à celle des anciens combattants français. Ce n’est qu’en 2006 que les sommes ont été alignées par le président français de l’époque, Jacques Chirac. En outre, jusqu’à présent, les vétérans retournés vivre en Afrique ne pouvaient pas toucher l’allocation de solidarité aux personnes âgées, réservée aux personnes résidant sur le territoire français au moins six mois par an. Suite à la sortie du film Tirailleurs, qui a amené ce sujet sur le devant de la scène, l’État français vient toutefois d’annoncer que les derniers tirailleurs africains ont désormais la possibilité de percevoir cette somme dans leur pays d’origine.

COMPRÉHENSION

1) Lis l’article et complète les phrases suivantes.

1. Le film Tirailleurs
a. est basé sur l’histoire vraie de deux tirailleurs sénégalais.
b. intègre des archives filmées de la Première Guerre mondiale.
c. associe des éléments réalistes et des éléments fictionnels.

2. Thierno est
a. enthousiaste de pouvoir intégrer l’armée française.
b. d’abord réticent à l’idée de combattre, avant de changer d’avis.
c. défiant envers les Français et cherche à tout prix à éviter de combattre.

3. Le surnom de « Poilus » est donné
a. aux colons français.
b. aux tirailleurs sénégalais.
c. aux soldats de la Première Guerre mondiale.

4. Les tirailleurs sénégalais
a. sont nés à l’aube de la Grande Guerre.
b. viennent en aide aux troupes de la France métropolitaine.
c. sont originaires de tout l’empire colonial français à travers le monde.

5. Mathieu Vadepied
a. est convaincu que le Soldat inconnu est sénégalais.
b. considère que le Soldat inconnu pourrait être sénégalais.
c. pense qu’il est impossible que le Soldat inconnu soit sénégalais.

6. Le Soldat inconnu
a. a maintenu son anonymat après avoir été exhumé.
b. a été choisi au hasard parmi la liste de noms d’anciens combattants.
c. est un pur symbole, puisque la tombe sous l’Arc de Triomphe est vide.

7. Les vétérans africains
a. ne sont plus très nombreux.
b. vivent tous sur le territoire français.
c. ont été obligés de retourner dans leurs pays d’origine.

8. Les films Indigènes et Tirailleurs
a. ont illustré les difficultés économiques actuelles des anciens tirailleurs.
b. n’ont pas suffi à améliorer la situation actuelle des anciens tirailleurs.
c. ont aidé les anciens tirailleurs à obtenir de nouveaux droits.


GRAMMAIRE

2) Conjugue les verbes donnés au passé composé, en faisant les accords nécessaires.

1. Êtes-vous conscients des moyens qu’il …………………………... [falloir] pour tourner cette scène ?
2. Ils m’ont remis les lettres de dispense qu’ils …………………………... [se procurer] pour échapper à l’enrôlement.
3. Avant l’assaut, les soldats …………………………... [s’échanger] des mots d’encouragement.
4. Les quatre ans que ce conflit …………………………... [durer] ont paru interminables.
5. Les semaines de grand froid qu’il …………………………... [y avoir] ont affaibli les soldats africains.
6. Comme ils étaient inaptes au combat, le lieutenant les …………………………... [envoyer] travailler à l’arrière.
7. Les progrès que cette troupe …………………………... [faire] sont spectaculaires.
8. Il est impossible d’effacer les souvenirs que cette guerre …………………………... [laisser] dans leur mémoire.
9. Les sacrifices que cette guerre …………………………... [coûter] n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur.
10. Ces soldats sont fiers des médailles de l’ordre national du Mérite qu’ils …………………………... [se voir] décerner.


LEXIQUE

3) Complète les phrases avec les mots de la liste suivante, en les conjuguant ou accordant si nécessaire.

allocation – enrôler – maîtriser – poignée – reconnaissance – retraite – songer – tranchée – veiller – vraisemblance

1. Le film de Mathieu Vadepied met en lumière une histoire méconnue et des héros en manque de …………………………… .
2. À cause du climat torride, la France n’a envoyé qu’une …………………………... de militaires français en Afrique subsaharienne.
3. En 1857, le gouverneur du Sénégal a ordonné d’…………………………... localement des soldats indigènes, plus résistants que les Français.
4. Dans les …………………………... des Ardennes, les tirailleurs sénégalais supportent mal les rigueurs de l’hiver et tombent souvent malades.
5. Sur le tournage du film, un historien était présent pour vérifier la …………………………... des situations.
6. Avant de rencontrer Mathieu Vadepied, Omar Sy n’avait jamais …………………………... à l’identité du Soldat inconnu.
7. L’acteur Omar Sy …………………………... le peul car c’est la langue que ses parents lui parlaient au quotidien quand il était enfant.
8. Le musée de l'Armée …………………………... à conserver l'histoire et la mémoire des tirailleurs sénégalais.
9. Plusieurs associations luttent pour améliorer les conditions de vie des tirailleurs à la ………………………….… .
10. La nouvelle mesure de l’État français concerne une seule …………………………... : le  « minimum vieillesse » de 950 euros. 


EXPRESSION ÉCRITE

4) Écris le résumé d’un film historique en analysant le caractère réaliste ou non des événements et des personnages, et en y ajoutant une critique personnelle.
(200 mots environ)


EXPRESSION ORALE

5) Le film Tirailleurs n’est pas le premier à avoir eu des conséquences politiques. En 2006 déjà, la décision de Jacques Chirac faisait suite à la sortie du film Indigènes de Rachid Bouchareb, mettant en scène des tirailleurs maghrébins au sein de l’Armée française de la Libération en 1943-1944.
Cette frontière perméable entre cinéma et politique est-elle justifiée et utile, ou bien est-elle illégitime et dangereuse ? À deux, réfléchissez ensemble à des arguments, puis débattez sur ce thème.


Par exemple : d'un côté, les films engagés peuvent participer au devoir de mémoire ou ouvrir les yeux du grand public sur une problématique ; de l'autre, ils risquent de glisser vers l'instrumentalisation ou la propagande politique.

(Margot Legrand)
(Crédits images: Wikimedia Commons)

1 Commenti
M

MARTINE BORTOLOTTO

07 febbraio 2023 alle 16:26

je suis ravie de pouvoir profiter de ce dossier. C'est d'un très bon niveau! Très intéressant pour intégrer nos cours! Un grand merci!

R

Redazione

07 febbraio 2023 alle 17:57 - in risposta a MARTINE BORTOLOTTO

Merci à vous. Continuez à nous suivre !

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