Un genre qui n’est pas nouveau...
Comme le break dancing, le graffiti, le beatboxing et le DJing, le rap appartient au courant culturel du hip-hop, né dans les années 1970 dans les ghettos noirs et latinos américains. Ce genre musical se diffuse rapidement dans tous les États-Unis puis dans le monde entier. Il arrive en France à la fin des années 1980 avec l’apparition de groupes comme IAM, Suprême NTM, Assassin ou Ministère A.M.E.R, et de rappeurs comme MC Solaar. La station de radio Skyrock décide alors de se spécialiser en rap francophone. Et l’émission télévisée “Rapline” contribue elle aussi à faire connaître ce genre musical et à faire émerger certains artistes. Mais, dans les années 1990 et 2000, le rap a du mal à sortir de la banlieue et à convaincre un public de plus de 25 ans. Il reste un phénomène principalement urbain et un genre marginal, écouté par peu de Français – qui préfèrent largement la variété, la pop et le rock. Le problème ? La mauvaise réputation des rappeurs, souvent victimes de préjugés : beaucoup leur associent les mots “délinquance”, “violence” et “vulgarité”. En outre, les grands médias en parlent peu car ils pensent que c’est un phénomène éphémère.… mais qui gagne en popularité
Mais depuis 2015, les choses ont bien changé. Le rap est aujourd’hui en plein boom, et semble être devenu la nouvelle pop. Il a réussi à sortir de la banlieue pour toucher toutes les régions, toutes les classes sociales et toutes les tranches d’âge – même si, évidemment, le public reste plutôt jeune. Les chiffres prouvent cette nouvelle popularité : au premier semestre 2019, sur les dix artistes en tête des ventes d’albums dans l’Hexagone, cinq sont des rappeurs (PNL, Ninho, Nekfeu, Lomepal et Soprano). Et les cinq artistes les plus streamés en France sont tous des rappeurs (Ninho, PNL, Jul, Nekfeu et Lomepal). Booba est par ailleurs le premier rappeur français à avoir atteint la barre des 10 singles de diamant, qui équivalent à 50 millions de streams.Les raisons de ce succès
Plusieurs facteurs expliquent que le rap soit devenu un genre incontournable. D’une part, son émergence a été facilitée par l’évolution technologique et le succès croissant des médias sociaux et des plateformes de streaming. Ces alternatives aux médias traditionnels (radio, télévision) ont permis aux rappeurs de diffuser et promouvoir leur musique à très grande échelle. D’autre part, le rap a – partiellement – changé de forme et de contenu. Dans les années 1990, les textes parlaient surtout de la vie en banlieue, caractérisée par la violence, l’exclusion et la précarité. Ils contenaient souvent des critiques de la société et des revendications politiques. Mais le rap s’est depuis diversifié : aujourd’hui, beaucoup d’artistes proviennent des classes aisées et/ou de province. Ils traitent donc d’autres thèmes, à la fois intimes et universels, qui touchent un public extérieur aux banlieues : la “vraie vie” et le quotidien ordinaire (par exemple, chez Bigflo & Oli), la solitude (chez Lomepal), l’amitié (chez Nekfeu), l’amour (chez Soprano), la famille (chez Orelsan), etc. Certains choisissent même de privilégier la musicalité aux textes : c’est le cas de Maître Gims qui, en créant des chansons très dansantes, a réussi à toucher un large public, et a donc contribué à la démocratisation du rap.Une nouvelle tendance : le rap pédagogique
Suite à cette démocratisation, on assiste en France à un drôle de phénomène : des professeurs surfent sur le succès de ce genre musical et se transforment eux-mêmes en rappeurs. Ils utilisent le rap pour faciliter la compréhension de leur matière et vulgariser certaines notions de leurs cours. Et profitent de sa popularité auprès du jeune public pour capter l’attention et stimuler la motivation de leurs élèves. Ainsi le professeur de mathématiques Radouane Abbassi, alias “Great Teacher Issaba”, a posté des vidéos sur YouTube où il rappe des formules comme les théorèmes de Thalès et de Pythagore. Et le professeur de français Samuel Breuil alias “ProfBreuil” a, lui, créé une chaîne YouTube centrée sur l’orthographe (#OrthoRap) et la littérature (#LittéRapture).
Liens utiles
- Reportage dans le JT de France 2 du 8 septembre 2019 : https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/rap/rap-musique-preferee-des-francais_3608603.html
- Article sur le succès du rap : https://revrse.fr/comment-le-hiphop-est-devenu-le-genre-musical-numero-1-en-france
- Article sur les classements du streaming 2019 : https://hypebeast.com/fr/2019/7/pnl-nekfeu-ninho-streaming-classement-2019-semestre
- Chaîne YouTube de Great Teacher Issaba : https://www.youtube.com/channel/UC9sxzKtBBWcMoDqxR6R-K9Q/featured
- Chaîne YouTube de ProfBreuil : https://www.youtube.com/channel/UC_7RP6lV-FRgUnbLI7mOgPA/featured
COMPRÉHENSION
1) Lis l’article et complète les phrases suivantes. 1. Le rap est né- en France.
- aux États-Unis.
- en Amérique latine.
- au début des années 1970.
- à la fin des années 1980.
- au milieu des années 2000.
- sont peu médiatisés.
- sont très médiatisés.
- refusent d’être médiatisés.
- par les adolescents seulement.
- par les adultes seulement.
- par tous les publics.
- il n’y a aucun rappeur.
- il y a de nombreux rappeurs.
- on trouve seulement des rappeurs.
- la télévision et la radio.
- la vente de disques.
- les médias sociaux et le streaming.
- sont tous issus des banlieues pauvres.
- sont tous issus des provinces aisées.
- sont issus de toutes les régions et classes sociales.
- crée ses propres chansons rap.
- utilise des morceaux de rap existants.
- invite régulièrement des rappeurs dans sa classe.